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Fusion des arts
Refléter les préoccupations de la société québécoise dans l'art populaire québécois. Un manifeste Fusion des arts sera écrit afin de bien définir les objectifs du groupe.
Fondé par le graveur Richard Lacroix en 1964, le groupe Fusion des Arts comprenait également l'historien d'art Yves Robillard, le sculpteur François Soucy, le peintre Henry Saxe et l'architecte F.-M. Rousseau.
"Ses activités recoupent à la fois une pratique de l'art, un centre d'activités centré sur des recherches théoriques, et l'Atelier libre de recherches graphiques, un local avec équipement mis à la disposition des artistes graveurs. Une trentaine d'intervenants, issus de plusieurs disciplines, sont mobilisés : poésie, musique, cinéma, vidéo, théâtre, graphisme et animation sociale. Leur création, du moins jusqu'en 1967, est axée sur deux pôles, soit des projets hautement technicisés et la participation du public." (1)
Le groupe Fusion des arts a réalisé deux sculptures cinétique ;
La 1e intitulée Synthèse des arts fut installée dans le pavillon du Canada lors d'Expo 67. En alliant mouvement mécanique, projections lumineuses et effets sonores elle présentait au spectateur une perception esthétique des nouvelles technologies.
La 2e intitulée Les Mécaniques est exemplaire d'un discours, "par ailleurs propre au champ artistique québécois, a déplacé le débat vers la considération des liens que l'art peut établir avec la culture populaire et la vie quotidienne. Il a opposé la peinture des plasticiens aux nouvelles tendances en émergence - nouvelle figuration, art pop, art de participation - jugées plus « démocratiques » et plus ancrées dans la culture locale.
Au Pavillon de la Jeunesse d'Expo 67 cohabitaient tant les spectacles de la musique pop, le théâtre et la musique expérimentale que des colloques invitant les jeunes à se prononcer sur différents phénomènes sociaux. Or, ce contexte, favorable à l'expression d'une culture jeune, a été le lieu de l'expression d'une critique des règles de fonctionnement du champ artistique, de sa séparation d'avec la vie quotidienne, et le lieu de la réactualisation de certaines valeurs artistiques et sociales propres aux avant-gardes historiques européennes. Le spectacle Les Mécaniques est particulièrement représentatif des manifestations artistiques qui ont renoué avec l'esprit Dada en considérant les rapports que l'art entretient avec le politique, la technologie et la vie quotidienne." (2)
À la fin de l'année 1967, plusieurs artistes de Fusion des arts adoptent une démarche plus directement engagée politiquement. Le groupe prend alors publiquement parti pour la laïcité, le socialisme et l'indépendance du Québec. En 1968, deux cellules d'études « esthétique et art populaire » et « techniques d'action sociale » sont créées afin de réfléchir sur la relation « art et politique ». Fusion des arts joue aussi un rôle important dans la création et la diffusion d'affiches et de films. En 1969, le gouvernement Bertrand songe à enquêter sur ses activités. Le groupe se voit contraint de cesser celles-ci, puisqu'il lui est devenu impossible de recevoir des subventions. À cette époque, le groupe est le « [..] tremplin d'une politisation de l'activité artistique montréalaise » (Roy, 1987 : 79)" (1)
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(1) Lamoureux, Art et politique, p 55 et 56
(2) Couture, F. (1992). Les années 60 : art contemporain et identité nationale in ETC, (17), 16.